quarta-feira, janeiro 23, 2008

A ASAE segundo Huxley

«Certains philosophes occidentaux des toutes dernières générations se sont efforcés de dégager le temps de la position que les religions traditionnelles et les sentiments normaux de l’humanité lui ont assignée. Par conséquent, sous l’influence des théories de l’évolution, le temps est considéré comme créateur des valeurs les plus hautes , en sorte que Dieu en est l’émanation, le produit du flux à sens unique de l’eternel périssable, et nom (comme dans les religions traditionnelles) l’intemporel témoin du temps que transcende le temps et qui, du fait de cette transcendance, est capable de lui être immanent. La vision bergsonienne que cette «durée» est la réalité première et ultime et que l’«élan vital» n’existe qu’à l’intérieur de ce flux est très proche de la théorie de l’émergence . D’un autre coté , nous avons les philosophies hégélienne et marxiste de l 'histoire avec un grand H , histoire hypostasiée sous la forme d’une providence temporelle qui travaille pour l’avènement du royaume céleste sur terre étant, dans l’optique de Hegel , une vision magnifiée de l 'Etat prussienne et dans celle de Marx , exilé sur l’ordre e ce même Etat , une vision de la dictature du prolétariat conduisant «inévitablement» par un processus dialectique à la société sans classe. Ces visions de l’histoire posent l’hypothèse que le devin – ou l’Histoire, ou le processus cosmique, ou le Geist, ou quel que soit le nom donné à l’entité que se sert du temps pour parvenir à ses fins – s’occupe de l’humanité en tant que masse, et non en tant que l’homme et femme individuels, non de l’humanité à un moment donne mais l’humanité en tant que de succession de générations . Reconnaissons qu’il n’y a absolument aucune raison de supposer que tel est le cas, aucune raison de supposer que les générations qui se succèdent possèdent une âme collective capable d’expérimenter, de comprendre e de agir sur l’impulsion du Geist , de l’Histoire, de l’élan vital et du reste. Au contraire, tout montre que l’âme individuelle incarnée à un certain moment du temps est seule capable d’entrer en contact avec Dieu, pour ne rien dire des autres âmes. La croyance (fondée sur des faits évidents)que l’humanité est représentée à tout moment par les personnes qui constitue la masse, et que toute la valeur de l’humanité réside en ces personnes , ces philosophes de l’histoire la considèrent comme une absurdité. Ces qui croie dans le primat des personnes et pensent que l’object ultime de tout l’individu est de transcender le temps et de prendre conscience de ce qui est eternel et intemporel sont toujours , a l’instar des hindous, des bouddhistes, des taôistes ou des premiers chrétiens , les avocats de la non violence, de la douceur, de la paix et de la tolérance. Ceux, au contraire, que se plaisent à être «profonds» au sens de Hegel et de Marx , et qui pense qui l’Histoire se occupe de l’humanité en tant que masse et successions de générations , et non entant qu’homme et femme ici et maintenant , sont indifférents à la vie humaine
et aux valeurs personnels , adorent ces Molochs qu’ils nomment État et Société , et sont prêts à sacrifier de gaité de cœur de générations de personnes réelles et concrètes pour l’amour d’un bonheur tout hypothétique qui serait de lot de l’humanité dans un avenir éloigné. Ceux qui voient la réalité ultime dans l’éternité mènent une politique axée sur le présent et sur les moyens d’organiser le monde actuel en sorte qu’il oppose le moins obstacles possibles a la libération individuels du temps net de l’ignorance ; c’est qui’ a l’inverse considèrent que le temps est la réalité ultime s’intéressent avant tout a l’avenir et ne voient dans le monde présent et dans ses habitants que la chair a canon, des esclaves bons a être exploites , terrorises, liquides, réduites en miettes pour que des gens que ne naitront peut-être jamais , dans un futur dont on ne peut rien savoir avec certitude , puisse jouir d’un âge d’or et accomplir le projet de révolutionnaires et de fauteurs de guerre d’aujourd’hui. Si cette folie n’était pas criminelle on serait tente d’en rire.»

Aldous Huxley
«Dieu et moi»
Editiond du Seuil 1992pgs 84-85